lundi 21 janvier 2013

J’aurais pu mourir à l’âge de 9 ans, et personne n’aurait jamais su pourquoi.

L'égalité et sa légalité
En tant qu’artiste, en tant qu’homme, en tant qu’être humain, je suis pour le mariage pour tous et l’égalité des droits.
A tous ceux qui diront que, dans le texte qui va suivre, je mélange débat sur le mariage pour tous et acceptation de l’homosexualité, qui me diront que l’on peut être contre le mariage pour tous et ne pas être homophobe, je leur répondrai que les débats que l’on a pu voir, emprunts de peurs, de haine et d’ignorance, ont montré que les opposants au mariage pour tous ont été les premiers à tout mélanger en projetant sur nos vies leurs peurs irraisonnées de manière brutale et irrespectueuse.
Face à cela, souffrez que l’on puisse répondre à tout.
Je ne dis jamais que je suis homosexuel, non pas parce que je le cache, mais parce que c’est ce que je suis, au même titre, que la couleur de ma peau est blanche.
C’est un fait. Je suis en couple avec un garçon depuis 7 ans, j’ai eu des histoires d’amour plutôt longues depuis mes 17 ans, je suis attiré par les garçons depuis que je me suis éveillé à la sexualité, vers l’âge de 8 ans.
j’ai vécu dans une famille qui m’a finalement accepté comme j’étais, malgré quelques heurts.
Je suis comme je suis depuis toujours, personne ne m’a influencé, enrôlé.
Depuis que je suis jeune, je l’ai toujours dit, dans mes premiers boulots alimentaires, à mes collègues, à chaque personne que je rencontrais et qui me disait «Vous êtes marié ou vous avez une copine?»  Ça jetait un froid cinq minutes et après ça se passait bien, c’était ma petite victoire à chaque fois.
En revanche, je dis souvent que je suis féministe, et je veux le dire aujourd’hui en cette journée de lutte contre les violences faites aux femmes, car si je ne suis pas une femme, c’est un autre fait, j’ai pu identifier depuis mon plus jeune âge la souffrance de beaucoup de femmes, leurs difficultés à être libres, malgré ce discours d’égalité homme-femme que j’entends depuis que je suis né.
J’ai été témoin de beaucoup de violences verbales et physiques faites aux femmes, pour les forcer à vivre dans des prisons tout en leur faisant croire qu’elles choisissaient elles-mêmes ces prisons.
J’ai vu ces violences de mes yeux, autour de moi et à l’intérieur de ma maison.
Alors au début, les talons et les accessoires féminins que j’ai utilisés dans mon travail ont été un acte militant En tant qu’homme, je voulais prendre position pour les femmes, et c’est la façon la plus simple et la plus symbolique que j’ai trouvée.
A travers cet acte, j’ai découvert le plaisir d’être également libre et de pouvoir disposer de mon corps comme bon me semblait, de le représenter comme j’avais envie qu’il soit vu, d’ouvrir le débat sur la liberté d’être un homme, d’être une femme, d’être un hétéro, un homo.
Certains de ces actes symboliques sont devenus des choix de vie, de gouts.
J’ai gardé le maquillage dans la vie, après l’avoir utilisé sur scène.
Au delà de tout ça, j’ai toujours voulu militer pour la liberté et libérer ainsi la parole sur la sexualité, sur la féminité, la différence.
Ca m’a beaucoup aidé à trouver un certain apaisement.
Je veux que la France protège et aime tous ses enfants. Point.

Je veux raconter mon histoire pour que l’on puisse vraiment voir l’horreur que peut être la vie d’un enfant homosexuel non protégé par la société.
Raillé, insulté, publiquement et en groupe, depuis la primaire, parce qu’on trouvait que j’étais efféminé et que je jouais trop avec les filles, puis victime des caresses d’un instituteur remplaçant en CE2 qui me caressait les joues et les cheveux, publiquement en classe pendant des semaines sans que je ne comprenne rien, puis témoin chez moi des violences physiques et verbales perpétrées sur ma mère, et vivant un éveil à la sexualité emprunt de rêves de garçons, j’ai fait une première tentative de suicide à l’âge de 9 ans.
Dans un élan de vie, je suis allé trouver ma mère pour lui dire que j’avais avalé des cachets.
Je suis resté une semaine à l ‘hôpital sans que personne ne sache ce qui s’était passé.
Car comme personne ne parlait autour de moi de ce qu’était mon quotidien, je pensais être fou ou je pensais que je devais réellement mourir.
J’ai grandi dans un monde où j’ai été victime et témoin de violences à demi autorisées, dont on ne parlait pas et dont on ne voulait pas parler.
Silences coupables.
Je ne savais pas ce qu’était l’homosexualité, personne n’en parlait, je n’en avais vu aucune représentation nulle part à l’âge où je me suis éveillé sexuellement, alors je m’enfermais dans les toilettes pour pleurer et je priais un hypothétique Dieu de me rendre normal.
Evidemment, rien n’a changé, et la violence a continué, chez moi, à l’école, dans la rue.
J’ai continué à vouloir mourir,  la douleur était insupportable.
J’ai eu la chance de pouvoir écrire très tôt, vers l’âge de 9 ans, et cela m’a permis de trouver un moyen de m’exprimer.
Puis vers l’âge de treize ans, j’y ai joint la musique.
Je garde en moi une profonde haine des adultes à cette époque de ma vie.
Tous les professeurs et surveillants qui n’ont jamais levé le petit doigt quand j’étais tabassé et insulté dans la cour de récréation.
L’école qui n’a jamais parlé de la vie des enfants comme moi, nous laissant à l’abandon, et pour beaucoup nous laissant mourir, car c’est la vérité, près de 25% des enfants homosexuels tentent de se suicider contre  4% chez les enfants hétérosexuels.
Je veux m’engager pour qu’enfin on sauve nos enfants, tous nos enfants.
Je pense que j’aurais pu mourir à l’âge de 9 ans, et que personne n’aurait jamais su pourquoi.
Cela aurait été un drame de plus et je ne serais pas rentré dans les statistiques sus citées.
Alors j’ai la chance d’être encore là, d’avoir surmonté tout ça et d’avoir pu construire ma vie, plus tardivement que les autres certes, mais au moins j’ai la chance de connaître cette vie. 
Je ne tolèrerai plus qu’on s’élève contre tel ou tel film en école primaire, tel ou tel apprentissage des genres au Lycée, car nous sommes des millions depuis des dizaines et des dizaines d’années à avoir connu ces horreurs, les enfants qui naissent aujourd’hui ont tous le droit d’être égaux et de grandir dans un climat serein. 
Enfant, ma différence ne dérangeait pas les autres enfants, eux acceptent tout de suite l’égalité, ce sont les adultes qui m’ont bousillé.
Premièrement, petit, certains membres de ma famille qui critiquait ma mère car elle m’achetait ce que je voulais, des G.I.Joe et des barbies.
Puis une infirmière de l’Hôpital où j’étais resté pour une crise de foie qui disait à ma mère que j’étais efféminé et qui se moquait de moi devant tout le monde et me faisait mal quand elle me faisait des piqures.
Ce sont eux, les adultes qui ont commencé, puis les enfants en grandissant, ont imité et ont suivi.
Peu à peu, tous mes amis garçons et filles de maternelle et primaire ont changé, eux aussi on les a forcés à devenir homophobe et différentophobe.
Ce sont les mêmes qui jouaient avec moi qui se sont mis à m’insulter et me taper.
A l’époque, j’aurais rêvé de pouvoir parler de ça sans être insulté ou frappé, c’est possible aujourd’hui, alors je prends la parole, et je veux que cesse cette hypocrisie sur la situation scolaire et sociale des enfants homosexuels.
Plus j’ai avancé et plus j’ai essayé de me construire en étant qui j’étais, plus ça a été impossible, tant les discours de haine été relayés à la télévision, dans ma famille, j’entendais des choses horribles qui me faisait être dans le dégout de moi-même, j’étais un enfant qui avançait déjà mort.
La haine, je l’ai vu, entendu depuis toujours.
Je vis en banlieue parisienne, dans une ville où il y a des violences notoires et notamment eu une agression homophobe mémorable relayée largement dans les media.
Je porte la barbe, je me maquille assez souvent les yeux, je m’habille comme j’ai envie de m’habiller, je me sens plutôt libre et on ne m’a jamais agressé ou molesté depuis que je vis ici.
Tout au plus, il m’est arrivé qu’on me regarde bizarrement.
Et pourtant… Plus jeune, j’ai été victime d’agressions homophobes verbales et physiques à répétitions, sans que jamais la police ne veuille prendre mes plaintes, ça a développé chez moi le besoin d’être invisible.
Les agresseurs avaient donc gagné.
C’est pourquoi je peux comprendre tous ceux qui vivent encore la même chose, c’est souvent le seul moyen de défense que nous avons, c’est un mal-être horrible.
Et dans ces moments-là de nos vies, et nous les avons tous vécus, nous détestons secrètement ceux qui sont libres ou visibles, car nous avons l’impression qu’ils ont réussi et pas nous, ou que à cause d’eux on va être repéré et détesté et encore agressé, qu’en agissant comme ils le font, ils nous font plus de mal que de bien.
Je connais tout ça.
Je le comprends. 
Moi aussi, à une période de ma vie, j’ai détesté des folles, des homos ou hétéros efféminés, j’ai même été contre la Gay-Pride mais ça ne peut pas durer, il faut absolument sortir de cette haine.
Un homosexuel ou un groupe d’homosexuels ne représente pas les homosexuels.
“The only gay in the village”, c’est drôle uniquement dans Little Britain. 
Chacun a le droit d’être discret ou excentrique, viril ou efféminé, visible ou invisible, avec les habits qu’il veut, avec l’attitude et la liberté qu’il veut et si certains veulent défiler en string, c’est leur droit, et comme les femmes, si une femme veut vivre en mini short moulant en cuir, elle doit pouvoir le faire sans être tabassée ou insultée.
Aucune loi ne l’interdit. Prouvons-le !
Je veux être solidaire de toutes les libertés, tous les actes, toutes les prises de parole.
De tous ceux qui choisissent dans leurs vies de tous les jours d’être comme ci, ou comme ça.
Je suis avec eux tous. Sans distinction.
Et On ne doit plus avoir peur d’être battu, molesté, injurié publiquement, comme ça a été tant de fois le cas dans le passé. Cette peur, réelle puisque nous l’avons tous connue, et que certains, encore nombreux, la connaissent encore, ne doit plus pouvoir être agitée devant nous comme un moyen d’acheter nos silences et nos vies.
Quand, enfin, les homos vont-ils vraiment se fédérer, sans vouloir dire que certains sont les bons homos et d’autres les mauvais ?
Je suis attristé par les témoignages de certains homos qui sont contre le mariage pour tous et en profite pour cracher sur la Gay Pride.
Personnellement je ne fais jamais la Gay Pride, mais de quel droit irais-je dire que moi j’ai raison et eux non ? 
Enfin ! Rassemblons nous tous pour préparer enfin un monde meilleur aux enfants qui arrivent, arrêtons de voir midi à nos portes !
Quand tous les hétéros vont-ils voir qu’en accordant l’égalité aux homos ils vont gagner encore plus de liberté pour eux–mêmes?
Quand tous les hétéros vont-ils comprendre que nous homos, nous les aimons.
Nous voulons un monde tel qu’il est, avec des homos qui s’aiment, avec des hétéros qui s’aiment. Nous aimons vos familles, nous aimons vos enfants, depuis toujours.
Aimez s’il vous plait nos familles, aimez nos enfants et aidez-nous à les protéger.
Comme j’ai foi en la nature humaine, je suis certain que si dans la rue vous voyiez un couple d’homos avec son enfant se faire agresser, vous le défendriez.
Alors symboliquement, je vous demande à tous le même engagement.
Je veux que la France protège et aime tous ses enfants. Point.
A tous les homophobes : Nous homosexuels ne sommes pas hétérophobes.
Prenez parti, maintenant.
Prenez parti pour que votre enfant sache qu’il vit dans un monde multiple: Ne lui cachez plus rien de la diversité du monde dans lequel il vit, si vous aimez vos enfants, protégez-les, ne courrez pas le risque de leur faire subir ces violences s’ils sont homosexuels et protégez aussi les enfants des autres en permettant à vos enfants ne pas devenir homophobes à leur tour.
Non, deux hommes qui s’embrassent, ce n’est pas choquant pour un enfant.
Parlez de la différence, parlez simplement des hommes, des femmes, des homos, des hétéros. Combien vont devoir encore se suicider à force d’entendre qu’ils sont peut-être des zoophiles, des démons, des êtres contre-nature, des monstres… ceux-là sont vos enfants et vous devez, en tant que parents hétérosexuels, parents homosexuels, les protéger. 
La République protège toutes les formes de croyances, même les plus irrationnelles.
On respecte et on protège les vies et les choix de vie de chacun tant qu’ils ne portent pas atteinte à autrui.
Mais nous, homosexuels, n’avons ni respect, ni protection. Portons-nous atteinte à autrui?
Rien ne semble avoir changé depuis des siècles.
Tout va bien tant qu’on ne les voit pas. Tant qu’ils se taisent.
Le vrai débat est donc sur l’acceptation de la différence. Toutes les différences.
A commencer par la différence hommes/femmes.
Car l’homme et la femme sont différents et égaux devant la loi.
La France est plurielle, riche de ses fameuses diversités.
Nous, personnes LGBT, rentrons dans ces diversités.
Et nous sommes tous différents entre nous.
Finissons-en avec l’idée qu’il y a d’un côté les hétéros et de l’autre les homos. Que je sache, tous les hétéros ne sont pas les mêmes. Pourquoi ne serions nous pas différents entre nous, aussi?
Alors oui, qu’ils soient, ou veulent être, hétéronormés, folles, caricaturaux, rétro, visibles, invisibles, s’il vous plait, arrêtons de voir des homos, voyons juste des êtres humains qui ont une vie, une histoire, une envie de vivre sur cette Terre et de partager toutes les belles choses que l’on peut partager.
Oui, nous homosexuels, nous aimons les hétéros. Nous les aimons tellement que l’amour qu’ils nous ont donné en nous mettant au monde, nous avons envie de le perpétuer avec nos corps, nos cœurs, tout ce que nous sommes. Nous homosexuels, nous aimons les hétéros car nous pleurons souvent au cinéma ou devant la télé en voyant une histoire d’amour entre un homme et une femme. Et comme je suis triste que ça ne fonctionne pas dans les deux sens. On parle de littérature féminine, de cinéma gay… est-ce que ça n’est pas juste de la littérature, du cinéma? Pire, j’ai été choqué et triste quand je suis allé voir “A simple man” au cinéma et que des hommes hétéros ont quitté la salle en pestant. Pourquoi? Parce que c’est l’histoire d’un homme qui aime les hommes? Mais est-ce que je pars en pestant quand je vois un homme aimer une femme? Non. Je vois l’amour. Ca me fait du bien l’amour. Plus il y en a, mieux je me porte.
Il est temps d‘avancer sur ce débat, car il y en a d’autres après, qui dépassent ces visions primaires homme/femme, homo/hétéro, il y a les trans et toutes les personnes qui revendiquent une identité propre, loin de tous les clivages existants. Même chez les hétéros, il faut réinventer les mots et les schémas qui ne viendront pas détruire ceux qui existent déjà, mais viendront les enrichir et les nuancer. Quelle richesse pour l’être humain d’ajouter des mots à son dictionnaire, d’accepter tous ses enfants, de reconnaître encore plus d’amour, d’aider chacun à trouver sa place, d’aider chacun à s’épanouir dans ses envies, de les protéger…quelle chance! Ne la gâchons pas! Si vous partez du principe que chaque être humain est votre égal, laissez même à ceux que vous jugez trop différents, la chance de vivre les belles choses que vous vivez. On ne demande pas à naitre sur cette Terre, ni un hétéro, ni un homo, ni un homme, ni une femme, nous arrivons et nous avons cette furieuse envie de vivre, d’aimer, de profiter, de gouter, de voir. De quel droit un être humain dicterait à un autre une façon de gouter, d’aimer, de vivre…?
Nous vivons déjà tous ensemble sur cette terre, homos et hétéros. Il faut donc qu’on apprenne à bien vivre ensemble. Quelle autre solution avons-nous?
Je ne prends pas la parole au nom de tous. Je veux simplement donner à entendre ma voix comme je l’ai toujours fait au travers de mes créations artistiques. A vous, ceux qui me suivez, et aimez mon travail, et qui pensez que c’est une perte de temps, qui préférez quand je me consacre à la musique ou à l’art, sachez que l’artiste que je suis ne pourra pas s’épanouir tant que l’être humain que je suis se sentira malmené et aura des doutes sur les avancées en terme d’égalité de droit, égalité de vie, égalité de libertés. Ça me coûte de devoir toujours m’exprimer sur ce sujet. Mais par ces temps de paroles nauséabondes et d’actes violents qui remuent l’être humain libre que je veux être, je n’ai plus le cœur à faire la promo pour mon disque et mon calendrier pour Noël. Mes albums, mes vidéos, et ce calendrier, sont politiques et artistiques. Mais aujourd’hui, où ce n’est plus l’artiste qui est attaqué mais l’être humain, je me dois de donner cette parole personnelle. Il y a besoin de sang et de vie dans ce débat, de poumons qui respirent. On va se battre pour ceux qui arrivent. Qu’ils soient vus, qu’ils aient une belle vie, aussi belle que celle de leur voisin.
Le monde actuel, et la société française en particulier, nous mettent dans une position très inconfortable, nous artistes LGBT. Déjà elle a peur de ce que nous sommes, elle ne veut pas prendre de risques, elle ne sait pas proposer ce que nous faisons, elle ne sait pas en parler, elle ne sait pas le diffuser, elle n’accorde pas de subventions pour notre travail quand il est trop politique ou trop «coloré», elle nous force à inventer nos économies parallèles, à la limite de la légalité, nous force à nous distribuer et nous promouvoir nous mêmes. Je suis un artiste et ce monde me force à devenir un marchand si je veux continuer à pouvoir vivre et travailler. Et à force de nous refuser l’égalité, la visibilité, elle nous entraine dans une spirale d‘échec, nous forçant à renoncer les uns après les autres et toute cette invisibilité est la première à créer le malaise dans notre société qui pourrait profiter de toute cette richesse. Je voudrais faire écho à l’article de Fanny Cottençon, dont j’ai entendu parler grâce au collectif La Barbe, posté dans le Huffington Post : «L’art doit devenir le lieu de contestation de l’égalité Homme-Femme», sur la difficile place des femmes dans l’art, je suis 100% d’accord et nous devons libérer cette parole, car si les femmes ne trouvent pas leur place, qu’en est-il des femmes homosexuelles, des hommes homosexuels? Qui va défendre leurs paroles? Leurs créations? Quand ils sont trop souvent occupés à se battre pour leurs vies. Tous les artistes LGBT dont j’ai croisé la route depuis 10 ans en France ont depuis pour la plupart renoncé et tous ceux que je connais qui sont encore là, sont pour la plupart exclus des circuits de diffusions traditionnels. Je ne crache pas sur ceux qui bénéficient de ces circuits, bien au contraire, je souhaite juste parler de ce parcours du combattant qu’est la vie d’un artiste LGBT en France.
Où sont les artistes homos? Je veux voir des homosexuels, de toutes sortes, des jeunes, des vieux, des visibles, des invisibles, des femmes, des hommes, des lesbiennes, des bi, des trans, des hétéros, des indéfinis, des choses, des freaks, prendre parti. Tous nous devons nous battre pour l’égalité et sa légalité! 
Ne sous-estimez pas nos actions, en ne nous accordant rien, nous sommes les derniers «rien à perdre» de la république et nous sommes prêts à nous battre pour enfin pouvoir vivre en paix.
Vous avez eu notre silence en nous faisant vivre dans cette France où les agressions homophobes, physiques et verbales, étaient à moitié autorisées, jamais totalement reçues ni comptabilisées. Souvent perpétrées à l’école devant des adultes consentants, souvent dans la rue devant des adultes consentants et complices, comme cela s’est encore produit à la manifestation de Civitas, où pour moi la ligne a été franchie.
Je rêve de ce jour où tous les hétérosexuels ne verront que l’amour, entre deux hommes ou deux femmes qui s’aiment et s’embrassent. Ou qu’ils pourront écouter une chanson ou voir un film qui parle de deux femmes, de deux hommes, et ne retenir que l’amour, qu’ils n’y fassent même pas attention.
Je rêve de ce jour où un enfant homosexuel pourra arriver dans ce monde et profiter de son enfance et de son adolescence, comme les autres, se construire simplement et profiter de sa vie.
De mon passage sur Terre, j’aurai retenu de vous les hétéros, que vous vous aimez, que vous êtes beaux, parfois moins, que vous êtes des êtres humains. J’espère que vous retiendrez ça de nous aussi, que nous nous aimons, que nous sommes beaux, parfois moins, que nous sommes des êtres humains. Et peut-être qu’un jour, alors, on n’en parlera plus. On sera là, et on aura des causes plus importantes à régler, tous ensemble.

C’est pour tout cela que je serai à la manifestation pour l’égalité le dimanche 16 décembre 2012. Qui que vous soyez, quoi que vous pensiez, si liberté, égalité, fraternité sont des mots qui vous parlent, j’espère que nous pourrons avancer ensemble ce jour-là et tous les jours suivants.
Merci d’avoir pris le temps de lire ce témoignage jusqu’au bout.

Pierre Pascual

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