Une vie lesbienne peut être menée et organisée sans intervention masculine.
Le problème est bien
là. Et l’argument selon
lequel la PMA est
réservée
pour pallier la stérilité pathologique de couples hétéros est fallacieux. En
pratique, un couple hétéro est réputé stérile dès lors qu’il n’arrive pas à
procréer durant deux années, même sans explication médicale. D’ailleurs,
certains ont même eu des enfants sans assis- tance médicale après avoir
bénéficié en vain de PMA, ils n’étaient donc pas si stériles que ça... Mais les
femmes sans hommes, fertiles ou pas, n’y ont pas droit.
Le désir d’enfant nous est, par exemple, reproché. Quel drôle d’argument
! Faudrait-il que nos enfants ne soient pas désirés ? S’agit-il d’un lapsus
exprimant la nostalgie des périodes antérieures à l’avortement et à la
contraception ? À la vérité, on peut surtout y voir une différence de
traitement : qu’une femme ou un couple de lesbiennes veuille concevoir des
enfants est regardé avec suspicion et considéré comme une compulsion égoïste.
Qu’un couple hétérosexuel exprime le même souhait est envisagé comme une
évidence naturelle.
L’injonction à l’hétérosexualité est parfois clairement affichée. «Si
une femme veut tomber enceinte, elle n’a qu’à se lever un mec, boire un le temps
d’un rapport hétérosexuel.» Il est possible que ceux qui profèrent ce genre de
stupidité soient mus par l’espoir inavoué que cela tombe sur eux, en tout cas,
ils donnent clairement à voir le mépris qu’ils ont pour les lesbiennes et leur
sexualité. Qui oserait retourner l’argument : « Messieurs, pour avoir un
enfant, nous vous invitons à vous faire enculer sur la table de la cuisine par
votre meilleur ami pédé. »
Une vie lesbienne peut être menée et organisée sans intervention
masculine. Ne pas être contrainte à la binarité genrée c’est justement l’une
des plus grandes jouissances de notre identité. L’interdiction des PMA pour les
célibataires et lesbiennes résonne comme l’affirmation de la centralité des
hommes dans la société et, par là même, de l’injonction faite aux lesbiennes de
réintégrer le corps social des femmes.
Ce n’est donc pas un hasard si, dans la dernière ligne droite de cette
mobilisation vintage, les lesbiennes se sont mobilisées et ont mené la lutte.
Ce n’est certainement pas le mariage, avec son passé chargé d’oppression
sexiste, qui nous a fait rêver. C’est le principe d’égalité des droits contre
le mépris social, c’est la volonté de nos corps indépendants du contrôle
masculin qui mènent nos exigences. »
*
PMA : insémination artificielle, fécondation in vitro, don d’ovocyte, don de
sperme... Les PMA recouvrent un ensemble de possibilités, c’est pourquoi nous
les employons au pluriel.
Retrouvez l'intégralité du Pecs & Ongles des Panthères Roses ici
http://www.pantheresroses.org/IMG/pdf/pecs-_-ongles-_4.pdf
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