vendredi 19 avril 2013



Une vie lesbienne peut être menée et organisée sans intervention masculine.


 « L’absence des PMA* dans la loi pour le mariage
pour touTEs sonne comme une redite des
combats féministes passés pour l’accès à la
contraception et à l’avortement. Aujourd’hui
comme hier, l’enjeu est le contrôle du corps des
femmes et l’intervention obligée d’un homme
dans le choix d’avoir ou non un enfant. Pour les couples hétéros, la PMA ne pose pas de problème puisqu’un homme reste présent dans la filiation. Ce qui coince pour les lesbiennes et les femmes seules, c’est l’absence de père, c’est la possibilité d’avoir un enfant sans homme.
Le problème est bien 
là. Et l’argument selon 
lequel la PMA est
réservée pour pallier la stérilité pathologique de couples hétéros est fallacieux. En pratique, un couple hétéro est réputé stérile dès lors qu’il n’arrive pas à procréer durant deux années, même sans explication médicale. D’ailleurs, certains ont même eu des enfants sans assis- tance médicale après avoir bénéficié en vain de PMA, ils n’étaient donc pas si stériles que ça... Mais les femmes sans hommes, fertiles ou pas, n’y ont pas droit.
Le désir d’enfant nous est, par exemple, reproché. Quel drôle d’argument ! Faudrait-il que nos enfants ne soient pas désirés ? S’agit-il d’un lapsus exprimant la nostalgie des périodes antérieures à l’avortement et à la contraception ? À la vérité, on peut surtout y voir une différence de traitement : qu’une femme ou un couple de lesbiennes veuille concevoir des enfants est regardé avec suspicion et considéré comme une compulsion égoïste. Qu’un couple hétérosexuel exprime le même souhait est envisagé comme une évidence naturelle.
L’injonction à l’hétérosexualité est parfois clairement affichée. «Si une femme veut tomber enceinte, elle n’a qu’à se lever un mec, boire un le temps d’un rapport hétérosexuel.» Il est possible que ceux qui profèrent ce genre de stupidité soient mus par l’espoir inavoué que cela tombe sur eux, en tout cas, ils donnent clairement à voir le mépris qu’ils ont pour les lesbiennes et leur sexualité. Qui oserait retourner l’argument : « Messieurs, pour avoir un enfant, nous vous invitons à vous faire enculer sur la table de la cuisine par votre meilleur ami pédé. »
Une vie lesbienne peut être menée et organisée sans intervention masculine. Ne pas être contrainte à la binarité genrée c’est justement l’une des plus grandes jouissances de notre identité. L’interdiction des PMA pour les célibataires et lesbiennes résonne comme l’affirmation de la centralité des hommes dans la société et, par là même, de l’injonction faite aux lesbiennes de réintégrer le corps social des femmes.
Ce n’est donc pas un hasard si, dans la dernière ligne droite de cette mobilisation vintage, les lesbiennes se sont mobilisées et ont mené la lutte. Ce n’est certainement pas le mariage, avec son passé chargé d’oppression sexiste, qui nous a fait rêver. C’est le principe d’égalité des droits contre le mépris social, c’est la volonté de nos corps indépendants du contrôle masculin qui mènent nos exigences. »
* PMA : insémination artificielle, fécondation in vitro, don d’ovocyte, don de sperme... Les PMA recouvrent un ensemble de possibilités, c’est pourquoi nous les employons au pluriel.

Retrouvez l'intégralité du  Pecs & Ongles des Panthères Roses ici
http://www.pantheresroses.org/IMG/pdf/pecs-_-ongles-_4.pdf





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